Pessimisme et ère de post-vérité

Bonjour,

Post vérité

« qui fait référence à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles »
selon le dictionnaire Oxford

Il parait que nous sommes entrés dans une ère de « post vérité » : l’intox et la désinformation deviennent la norme, dans une société où faits et vérités n’ont plus d’importance. Autant les thèses farfelus, comme la théorie de la terre plate, ne font de mal à personne… ; mais d’autres entraînent des situations dramatiques au niveau environnemental ou au niveau de la santé (les antivax qui font réapparaître des maladies).

Avez-vous déjà pensé que le fact checking est vain ? Sachant qu’un jour, plus personne ne vous écoutera, qu’il y a de moins en moins d’esprit critique ?
Quels espoirs vous animent encore ? Qu’est ce qui vous motive ?

Bonjour,
Je ne pense pas que le Fact checking soit vain. Sinon d’ailleurs que ferions nous ici :wink:
Je ne pense même pas qu’il y ait de moins en moins d’esprit critique. !
Je me demande si il n’y a pas simplement une erreur d’interprétation des causes.

Il est bien possible qu’il y ait eu autant d’intox et de désinformation par le passé, mais que comme les moyens d’informations étaient, majoritairement, aux mains de personnes « cultivées » elles passaient moins facilement et la critique était plus fréquente. Les réseaux sociaux en ouvrant les vannes à tout le monde ont complètement changé la donne.

Attention je m’en voudrait de faire preuve d’élitisme ! Ce n’était pas forcément mieux avant mais plus simple au moins sous ce rapport.
Les réseaux sociaux existent, on n’y peut rien et il faut vivre avec et tenir compte de leurs effets parfois pervers.

En revanche ils permettent également de corriger leurs propres excès et le « Fact checking » est un moyen.

Si je peux me permettre une analogie, j’écrirais bien que Diderot,Giordano Bruno, Voltaire, … Faisaient déjà du"Fact Checking" même si ce n’était qu’à travers des écrits classiques, et même si leurs arguments étaient souvent repoussés à l’époque, on se souvient d’eux et leur travail n’a pas été inutile.

Courage !

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Je ne sais pas non plus c’était mieux ou pire avant. Les réseaux sociaux ont accéléré la vitesse à laquelle se diffusent les informations, mais est-ce qu’on est vraiment dans une ère qui se définit par la post-verité ? Est-ce que les gens étaient plus critiques ou plus crédules dans le passé ? Est-ce qu’il y avait moins d’intox ? Personnellement, aucune idée !

Quand à savoir si le fact-checking est vain, ça dépend probablement de ce qu’on attend de lui. Dans les milieux zététiques/critiques j’ai l’impression que la démarche est plutôt saine : il s’agît d’éveiller son propre esprit critique.

Le prisme qui moi m’a amené à réfléchir sur ces sujets, c’était d’abord la politique ; je pensais un peu naïvement qu’en aidant les citoyens à mieux s’informer on en ferrait des bons soldats de la démocratie à même de résoudre les problèmes les plus complexes grâce à l’intelligence collective.
J’ai fait mon bout de chemin là dessus et je dois dire qu’aujourd’hui les mécaniques clientélistes et les questions d’organisation du pouvoir me font chier. Le spectacle politique moderne ressemble plus à un journal people qu’autre chose et je ne m’enlève pas de la tête ce que disait Zappa, la politique n’est rien d’autre que la branche divertissement de l’industrie.
Donc en tant qu’outil de changement politique j’ai tendance à penser que oui, le fact-checking est vain. Il agît dans un contexte d’organisation du pouvoir et de la société dans lequel je ne pense pas que le fait d’avoir des citoyens capables de douter ne puisse changer les choses.

En tant qu’outil éducatif qui permet à chacun de cultiver son doute raisonnable, je pense par contre qu’il a toujours un usage.

Je me demande à quel point nous pouvons être sujets à biais dans ce genre d’analyses.

Il me paraît hautement improbable aujourd’hui de pouvoir proposer un modèle réaliste sur ce que pensent les gens et à quel point ce qu’ils pensent est désaliéné/libre d’influence/rationalisé de manière critique ou tout autre chose du même ordre, en particulier au vu de la grande variété et complexité des paramètres et les problèmes épistémiques majeurs liés à leurs mesures.

Nous ne pouvons donc que spéculer, d’autant plus que le concept « d’avant » est ici flou, et qu’il y a encore moins de chances d’avoir de données fiables plus on remonte dans le passé.

C’est sûr que l’ère des internets change la donne, et que beaucoup de plateformes ont un effet « bulle », les deux phénomènes favorisant je crois la radicalisation, au sens premier c’est-à-dire le durcissement d’une position (biais de confirmation notamment).
Mais il y a aussi de plus en plus de gens qui ont accès à des informations contradictoires, ou à des exercices de rationalisme critique, et j’ai l’impression que le scepticisme est présent chez beaucoup de monde (mais je peux aussi être biaisé), juste qu’il n’est pas forcément appliqué avec les bons outils, et donc peut donner des résultats médiocres.

A nous d’aider à diffuser les bons outils, et nous-même utiliser les bons outils pour aider les autres de la manière la plus bienveillante et aussi la plus efficace possible en terme stratégique :slight_smile:

Comme beaucoup, je ne pense pas que le fact-checking soit vain. Je dirait plutôt qu’il est limité, dans le sens ou est-ce que assez d’informations ont été réunies pour pouvoir se forger une opinion ? ou est ce que le raisonnement logique conduisant à cette opinion est correct ?
J’ai toujours pensé que les thèses farfelues étaient moins nombreuses que ce qu’elles donnent l’impression d’être, et qu’elles sont partagées à titre parodique ou informatif. Est-ce que vous avez des chiffres par rapport à ça ?

Soit dit en passant, connaissez-vous des références intéressantes traitant du sujet ?

La guerre froide n’a pas eu lieu, la guerre de Troie non plus …

A l’aube de franchir le cap des vieux, pardon séniors, je suis complètement optimiste sur cette « ère de post-vérité » par contre je suis très septique quand à la formation / l’éducation données à nos enfants.

Bonjour à tous,

Pour apporter ma pierre à cette réflexion, je me positionnerai plutôt du côté des optimistes. Je parlerai de vérification d’information plutôt que de fact-checking, par souci de respect de la langue de Molière.

Vous avez évoqué qu’il est possible, qu’autrefois, les mensonges et fausses informations étaient peut-être tout aussi nombreux qu’aujourd’hui, à la différence qu’aujourd’hui, les outils à disposition du monde, permettent d’avoir accès à une quasi infinité d’information. L’évolution de l’éducation au fil du temps, permet aujourd’hui d’accéder à des informations qui, dans des temps plus anciens, pouvaient frôler l’impossible. Je vois mal un paysan sous Louis XIV pouvoir obtenir le bilan comptable de la couronne.

Aussi, si nous avons la chance d’avoir aujourd’hui des habitants de la planète terre en capacité d’acquérir facilement de l’information, alors la vérification d’information me parait tout simplement indispensable. Puisque nous sommes plus éduqués (Dans le sens accès aux connaissances) qu’autre fois (Mais probablement pas encore assez), la vérification d’information me semble être une étape complémentaire et nécessaire pour parfaire ses connaissances, orienter nos prises de décisions, ou forger nos opinions.

Si l’on parle de vérification pure d’une information, on est d’accord sur les limites que cela apportent. Mais si l’on considère que ces vérifications contribuent à développer l’esprit critique des personnes qui viennent d’acquérir de nouvelles connaissances (Ces connaissances dont ne sait pas encore si elles sont fiables), alors cela prend tout son sens.

Comme le rappelle @Tontonballo, former nos jeunes, les aider à développer leur esprit critique, est une nécessité absolue, et je suis persuadé que CaptainFact peut être un outil pouvant aider à cette éducation populaire qui manque cruellement aujourd’hui.

Imaginez un heure de vérification d’information inclus dans un programme d’éducation civique à l’école, avec CaptainFact comme un des outils pour apprendre et s’exercer à comment vérifier toutes sortes d’information, j’aime à penser que nous aurions des jeunes bien plus aguerris pour agir de manière plus sereine.

Le monde de demain sera le résultat des décisions prises par nos jeunes d’aujourd’hui, un tel outil ne peut être qu’un plus pour les aider à faire de ce monde de demain, un monde plus juste, plus social, plus vivable, et durable.

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